SDS VD D 1 28-1
Les sources du droit suisse, XIXe partie : Les sources du droit du canton de Vaud, D. Répression de la sorcellerie en Pays de Vaud (XVe–XVIIe siècles), Tome 1 : le registre Ac 29 des ACV, da Pau Castell Granados, Gwendolin Ortega e Martine Ostorero
Citazione: SDS VD D 1 28-1
Licenza: CC BY-NC-SA
Publication de la sentence du procès de brigandage intenté contre Jean Massot, de Villars-Tiercelin, inventaire des biens et dépenses
1525 giugno 20 – 27. [Château de Dommartin]
Descrizione della fonte
- Collocazione: ACV, Ac 29, p. 455, 459–466, 468–467
- Data di origine: 1525 giugno 20 – 27
- Supporto alla scrittura: Papier
- Lingua: francese
-
Édition
- Dorthe 2007, p. 261–275
Littérature
- Choffat 1989, p. 10
- Dorthe 2007, p. 277–313
Commento
Le procès de Jean Massot (p. 459–468) est le seul procès criminel du registre Ac 29 sans rapport direct avec la sorcellerie. Il est placé avec les procès de Claude Rolier (SDS VD D 1 26-1 : ACV, Ac 29, p. 443–454), Margot Rolier (SDS VD D 1 31-1 : ACV, Ac 29, p. 469–484) et Françoise Gilliéron (SDS VD D 1 30-1 : ACV, Ac 29, p. 485–492) qui, avec celui de Jeannette Vincent (SDS VD D_2 39-1 : ACV, Bh 10/3) font partie d’une nouvelle chasse aux sorciers menée à Dommartin, dans les terres du Chapitre cathédral de Lausanne, durant les années 1520.
L’annotation « Prossès des malfateurs », écrite à l’envers, d’une main plus tardive, au dos du cahier contenant le procès de Françoise Gilliéron (p. 492), se réfère probablement à un ensemble de documents se rattachant à Dommartin et à la juridiction du Chapitre cathédral, lesquels concernent non seulement des affaires de sorcellerie, mais aussi de brigandage, à l’instar de celui intenté contre Jean Massot.
L’acte d’exécution de la sentence de Jean Massot occupe les pages 459 à 466 du registre Ac 29 ; les deux dernières pages du cahier contiennent l’inventaire de ses biens et la liste des dépenses occasionnées par le procès (p. 467 et 468). L’intitulé de la pièce est rédigé au dos d’un autre document plié contenant un mandement de l’officialité de Lausanne concernant le procès de Jaquemod Forney (SDS VD D 1 29-1 : ACV, Ac 29, p. 456–458), utilisé comme page de garde du dossier Jean Massot (p. 456). La lettre testimoniale de l’acte, rédigée en langue vulgaire, est authentifiée par le notaire François Demiéville, qui valide aussi l’inventaire des biens à l’aide de son signet.
Testo editionale
Dompni MartiniLuogo: Cambio di lingua: latino
Processus Johannis MassotPersona: Cambio di lingua: latino.
[p. 459]Interruzione di pagina20 juin 1525
27 juin 1525
Inventaire des biens de Jean Massot
Signum notarile25
[p. 468]Interruzione di paginaDépenses faites pour le procès de Jean Massot
Annotatione
- Aggiunta sul bordo superiore da un’altra mano.↩
- Correzione all’altezza della riga, sostituisce: de.↩
- Aggiunta sul margine sinistro con un carattere di inserimento.↩
- Correzione all’altezza della riga, sostituisce: Joh.↩
- Aggiunta sul margine sinistro con un carattere di inserimento.↩
- Cancellazione biffata: v.↩
- Aggiunta sul margine sinistro con un carattere di inserimento.↩
- Aggiunta sul margine sinistro con un carattere di inserimento.↩
- Lettura incerta.↩
- Correzione all’altezza della riga, sostituisce: mo[llin].↩
- Correzione all’altezza della riga, sostituisce: a[...].↩
- Correzione all’altezza della riga, sostituisce: scatel.↩
- Aggiunta sul margine sinistro con un carattere di inserimento.↩
- Cancellazione biffata: une.↩
- Cancellazione biffata: de ue c.↩
- Corretto da: layne.↩
- Corretto da: sequuntur.↩
- Cancellazione biffata.↩
- C’est-à-dire qu’il est incarcéré au château même de DommartinLuogo di origine: : les personnages détenus pour affaire de sorcellerie des années 1524 à 1528Data: 1.1.1524 – 31.12.1528 se trouvent « in carceribus reverendorum et venerabilium dominorum canonicorum cathedralis ecclesie Beate Marie Virginis Lausannensis in castro ipsorum Dompni Martini » (SDS VD D 1 30-1 : ACV, Ac 29, p. 473 et 487, SDS-VD-D_2-39-1 : ACV, Bh 10–3, fol. 1r).↩
- Il s’agit de la coutume de Lausanne (ou Plaict général). Voir Poudret 1998–2006 I, p. 19, 21 et 144.↩
- Pierre MarguetPersona: est le fils de feu François MarguetPersona: de DommartinLuogo: , vraisemblablement le même qui a été banni pour sorcellerie en novembre 1498Data: novembre 1498. En dépit du bannissement de son père, PierrePersona: mène une carrière de notable puisqu’il est gouverneur de DommartinLuogo: aux côtés d’Etienne DufourPersona: en 1524Data: 1524 (ACV, Ff 49, fol. 137r). Il faut dire que son père, âgé d’une soixantaine d’années, était une personne influente lorsqu’une partie de la communauté s’était acharnée contre lui en 1498Data: 1498 (Pfister 1997, p. 52–53, 186–217 et 297). Pierre MarguetPersona: est en outre victime de Claude RolierPersona: , qui aurait tué un de ses bœufs, et est juré pour les procès de Jeannette VincentPersona: , Margot RolierPersona: et Françoise GilliéronPersona: . Cette dernière, dont il est même le conseiller, sera bannie au lieu d’être envoyée au bûcher, tout comme ce fut le cas pour François MarguetPersona: (Choffat 1989, p. 23, 60, 85, 113, 114, 116–117 et 195).↩
- Très certainement Villars-TiercelinLuogo: , puisque Jean SovajatPersona: en est originaire et y habite.↩
- Un des aveux de Jeannette VincentPersona: , effectué le 12 novembre 1524Data: 12.11.1524, nous apprend qu’elle et ses complices « tenebant eorum sinagogam versus martinetum dictorum SouvajatOrganizzazione: de Villars TyessellinLuogo: » (Choffat 1989, p. 58), ce qui nous montre que les Sovajat étaient en outre forgerons.↩
- Le mot se termine par un signe abréviatif que nous n’avons pas résolu. Peut-être le scribe voulait-il simplement inscrire un « s » final pour le pluriel.↩
- Lieu indéterminé. Le fichier Muret indique les mentions de « Place », comme toponyme : à Villars-le-GrandLuogo: , « En Place » et à ThierrensLuogo: , « Pré de Place ». Mais selon le GPSR, nous ne pouvons rien en conclure.↩
- Il faut comprendre qu’il s’agit d’un drap d’une qualité inférieure, fait à la maison.↩
- D’après la logique de la phrase, il faut retenir ici le sens de ravin.↩
- C’est-à-dire le bois En PerrexLuogo: .↩
- Il s’agirait donc d’un vallon dans la région de BoulensLuogo: .↩
- C’est-à-dire qu’il était d’âge moyen, « in medio aetatis », et avait donc la trentaine.↩
- C’est-à-dire qu’il n’avait pas encore atteint l’âge moyen.↩
- Eugène Mottaz relève justement l’insécurité de ce lieu de passage (Mottaz 1982, II, p. 575).↩
- Cette personne n’a pas pu être identifiée.↩
- C’est-à-dire qu’il avait dépassé l’âge moyen.↩
- Il faut donc comprendre qu’ils se trouvaient dans les bois du JoratLuogo: , à proximité de RueLuogo: .↩
- Peut-être faut-il comprendre « envier », dans le sens de « se laisser engager à ». Ce qui signifierait que « jamais il ne s’est engagé à se confesser ». Pour sa part, le GPSR propose d’envisager que la fin du mot soit une forme de l’imparfait, à la troisième personne, en « ere », ce qui donnerait « jamais ne se en(…)ere confessé ».↩
- S’agit-t-il du même Jean FavrePersona: , évoqué comme sautier de FribourgLuogo: en 1505Data: 1505 lors du procès contre Pierre BolengéPersona: (StAFR, Thurnrodel 3, fol. 28r–29r) ?↩
- C’est-à-dire qu’il confirme ses aveux et en assume les conséquences.↩
- Sur le lieu accoutumé de l’exécution des peines, voir Dorthe dans Ostorero et al. 2007, p. 278, n. 6.↩
- La cognitio désigne les délibérations de la cour (Gallone 1972, p. 237).↩
- Il s’agit de Jacques AgassizPersona: , aussi juré au procès de Claude RolierPersona: , en octobre 1524Data: ottobre 1524, où il est explicitement mentionné comme « chastellain d’Orbe » (SDS VD D 1 26-1 : ACV, Ac 29, p. 443).↩
- François de Miéville alias MeyjozPersona: , clerc et notaire de Villars-TiercelinLuogo: est attesté dans plusieurs documments des années 1525–1531Data: 1525 – 1531, souvent en rapport avec DommartinLuogo: (ACV, C XXII NF14894 C XX 99, C XX 103/4, C XXII NF12307 C XX 84, C XXII NF12260, C V b 1118). Il pourrait être un descendant d’Humbert de MiévillePersona: , notaire sous l’épiscopat de Georges de SalucesPersona: dont il est le commissaire en 1444Data: 1444 et 1446Data: 1446 (ACV, Ff 12 bis et Fee 7) ou de parenté avec JeanPersona: , fils de feu Antoine de Miéville alias MejozPersona: , habitant Villars-TiercelinLuogo: (ACV, Ff 49, fol. 237r), victime de Claude RolierPersona: et juré au procès de Françoise GilliéronPersona: .↩
- Suit à la ligne du dessous ce qui paraît être la signature paraphée du notaire, ne reprenant que ses initiales et quelques éléments de sa signature complète, sans doute dans le but d’authentifier le contenu de l’inventaire.↩
- Claude MarguetPersona: est le fils de Nicod MarguetPersona: de DommartinLuogo: et le neveu de François MarguetPersona: , inculpé pour sorcellerie en 1498Data: 1498 et avec lequel il est en conflit perpétuel. Alors qu’il a une trentaine d’années, ClaudePersona: accuse son oncle d’avoir tué sa fille AnthoniePersona: et sa première femme MargueritePersona: (Pfister 1997, p. 186, 190, 192, 194, 198, 202, 212, 224 et 296–297).↩
- Maître PierrePersona: est le bourreau de LausanneLuogo: . C’est aussi à lui que sont livrées Jeannette VincentPersona: et Margot RolierPersona: pour leur exécution (Choffat 1989, p. 60, 86).↩
- Il pourrait s’agir de la maison des frères PierrePersona: et Nicod JacaudPersona: de ChardonneyLuogo: , portiers de DommartinLuogo: (Dorthe dans Ostorero et al. 2007, p. 606, n. 114. Lors de son procès, Claude RolierPersona: avoue avoir tué un cheval « cheu les Jaccaud de Chardoney » et d’avoir fait « mori eys Jaccaud de Chardoney deux beufs » (SDS VD D 1 26-1 : ACV, Ac 29, p. 444). Les frais notés ici pourraient donc s’expliquer par le fait que ce sont ces deux frères, peut-être forgerons, comme l’étaient les frères Sovajat, qui ont mis à disposition le matériel nécessaire pour le châtiment de Jean MassotPersona: . ↩
- Il s’agit de la maison d’Antoine de PisozPersona: , recteur, chapelain et altariste de la nouvelle chapelle dédiée à la Vierge dans l’église Saint-MartinLuogo: de DommartinLuogo: . Peut-être apparaît-il ici en tant que confesseur du condamné, ce qui lui assure une modeste rétribution (Dorthe dans Ostorero et al. 2007, p. 275).↩
- Ce montant correspond bien au total du détail, qui est de 16 florinsValuta: 16 fiorini 36 sousValuta: 36 sol , soit 19 florinsValuta: 19 fiorini . Pierre-Han Choffat avance un chiffre de 18 florinsValuta: 18 fiorini 11 sousValuta: 11 sol , ce qui est incorrect (Choffat 1989, p. 100).↩
Regesto
Jean Massot, originaire de Villars-Tiercelin et résident à Naz, est arrêté le 20 juin 1525 au château de Dommartin. Accusé de brigandage, il est interrogé par Jean Costable, châtelain de Dommartin et juge temporel du Chapitre cathédral de Lausanne, accompagné de neuf jurés de Dommartin. Ce même jour, Massot confesse spontanément douze vols, réalisés de sa seule initiative, et six meurtres, tous perpétrés avec l’aide d’au moins deux complices, avec lesquels il aurait aussi conclu un pacte d’alliance ou « serement ». Le 27 juin 1525, l’accusé comparait devant la cour sur le pont du château de Dommartin, en présence de la population, pour entendre la lecture des articles de sa confession obtenue sans torture, qu’il ratifie une dernière fois. Le châtelain Jean Costable communique ensuite sa décision de confisquer les biens de l’accusé et de le condamner à être roué et exposé au gibet, et demande la connaissance (« cognitio ») des jurés de Dommartin. Le prud’homme Jean Curchod, au nom des susdits jurés, accède à la demande, et le châtelain demande au notaire François Demiéville de rédiger une lettre testimoniale.